Après-midi sur le témoignage de 14-18 à l’Institut universitaire Champollion d’Albi, le mercredi 27 mars, de 14 à 17 heures. En trois parties :
1) R. Cazals sur Barthas,
2)  A. Lafon sur Despeyrières
3)  Table ronde réunissant les deux intervenants + Daniel Lautié (le rôle du « passeur ») + deux archivistes (les collectes de documents). « Vous direz qui était Dominique, ce qu’il a écrit, les publications successives et tout ce que vous avez fait pour faire connaitre ce texte et le valoriser : les traductions, les objets divers, le musée, les articles de presse.»

INTRODUCTION
Me présenter : Bonjour , je suis Daniel Lautié
J’ai été invité par Remy Cazals en temps que passeur de mémoire pour vous parler des cahiers de mémoire de Dominique Richert en tant que passeur .

J’ai rencontré Dominique Richert et sa petite fille il y a déjà 54 ans en Alsace. Je vis avec ma belle mère qui m’a 96 ans .
Il y avait 9 cahiers bien rangés dans le bahut du salon. Il s’agissait de neuf cahiers quarto , écrit en allemand en écriture Sütterlin trés fine et trés belle par Dominique Richert. Lors de visite en Alsace, la nuit ,en cachette j’en ai profité pour scanner tous les cahiers.
Dominique y raconte son experience de guerre de 1914 à 1919 dans l’armée allemande.
à son retour dans le Sundgau, en janvier 1919.
Il nous a écrit que c’était pour passer le temps ( il était célibataire ) , Il avait pris quelques notes au début de la guerre mais il les a toute perdu. Il a rempli les 8 cahiers sans rature de mémoire et sans note ( 130 000 mots) . Cette performence l’a étonné lui même. Il devait avoir une « gopro » sur sa tête et google maps dans la poche. C’est un témoignage trés rare de ce qui se passait dans l’armée allemande .
Ce témoignage est toujours d’actualité . Il va être citer cette année dans 4 épisodes sur les horreurs de la guerre qui seront diffusés sous peu sur la chaîne Planète + . Et dire qu’il ne voulait même pas que l’on cite son nom d’auteur lors de la parrution. C’est une oeuvre immense et miraculeuse.

QUE RACONTE CES CAHIERS
Ils racontent l’experience de guerre sur toutes les grandes batailles de l’armée Allemande en Europe avec beaucoup de détail et de précision de 1914 à 1919 vu d’un soldat alsacien.

Il parle:
1 – Du PATRIOTISME, FACE A LA MORT QUI EST UNE UTOPIE
2-  De la HAINE CONTRE LES RESPONSABLES DE LA GUERRE, LES GRADES, et les SEVICES

3 – De sa chance PRESERVATION MIRACULEUSE.
4 –   des DESCRIPTION DE SCENES D’HORREUR DE LA GUERRE.

5 – des PERTES CAUSEES PAR LES ERREURS DE TIR DES BATTERIES AMIES 
5 – des ORDRES ET ACTES CONTRAIRES AUX LOIS DE LA GUERRE.
6 – des ALLEMANDS QUI NE FONT PAS CONFIANCE AUX ALSACIENS.
8 –  de L’ARMEE ALLEMANDE SE RAVITAILLE EN VOLANT OU EN VANDALISANT, EN PAYS CONQUIS
7 – de CONTRASTE ENTRE LA NATURE QUI RESPIRE LA PAIX ETL’HOMME QUI DETRUIT
9 – du FAIT QU’IL SE FAIT REMARQUER PAR SES SUPERIEURS POUR SON INTELLIGENCE. 
10 – DE sa STRATEGIE POUR SE SOUSTRAIRE AU COMBAT
11 – des FUSILLEs DES SOLDATS INNOCENTS.
12 – des ARTIFICES ET NOUVELLES ARMES POUR RENDRE PLUS CRUELLE LA GUERRE.
13 – de la PROPAGANDE ET des DECLATIONS DE PATRIOTISME ET VICTOIRES 
14 –  de GARDER SON HUMANITE malgré tout 
de la Pitié et solidarité vis à vis de ses camarades de ses adversaires et même des animaux
15 – PACIFISTE  Stratégie pour se soustraire au combat  Désir de déserter

Pour vous donner une idée du contenu je peux vous lister

Préparatifs de guerreaoût 191413
Bataille de Mulhouse9-12 août 1914161
Bataille de Sarrebourg19-20 août 1914202
Combat de Lorquin21 août 1914243
Passage de la Meurthe25 août 191426
Combat dans la forêt de Thiaville26 août 1914284
Combats en lorraineseptembre 1914335
Vers le nord de la Franceoctobre 191443
Attaque de Violaines22 octobre 1914466
Une terrible nuit de combat contre les Hindous22 novembre 1914537
Noël de guerre191458
Envoyé à I’arrière,février 191563
Retour au front : dans la neige des Carpathesmars 1915678
Combats et tourments dans les Carpathesavril 1915739
Prise du mont Zwinin9 awil 19157610
Début de la grande offensive austro-allemandemai 191580  11
Passage du Dniestr93
Une nouvelle offensivejuin – juillet 19159812
 Combats dela Zlota Lipa1″ »-2 juillet 191510613
Vers la Pologne russejuillet 191511414
Combats en Pologne russefinjuillet – début août 191511815
Blessé, malade, hospitaliséaoût 1915124
Repos au sanatorium en Poznanieseptembre – octobre 1915128
Dans un bataillon de réserve à Speyersdorf et Memelnovembre 1915133
Retour au front russedécembre 1915 été 191613716
Ma première permissionfin octobre 1916149
Troisième Noël au frontdécembre 1916153
Au nord-est du front russejanvier – avril 191715717
Le froid et la faim162
Offensive de Riga                           septembre 191717618
Ma deuxième permissionseptembre 1917183
Retour au frontoctobre 191718819  
A Riga, après I’armistice avec les Russes190
Offensive contre les bolcheviks dans les provinces  baltes200
D’est en ouest, vers le front françaisavril 1918212
Attaque de Villers-Bretonneuxfin avril 191821821
Dans le nid de mitrailleuses Hiboumai 1918236 
Repos et combatsmai – juin 1918242
Mission à Metzdébut juillet 19

Beaucoup de spécialistes historiens ont analysé l’oeuvre mais moi je m’appuerai sur l’étude qu’a fait son fils Ulrich. Je vous site les tête de chapitre de son étude, cel vous donnera une idée .

Cette réédition est l’aboutissement d’une chaîne de personnes passionnées par ce témoignagee. Je les appelle les « sauveurs de mémoire ».
– Jean Claude Faffa par qui tout a commencé.
– Heinrich Böll prix Nobel de littérature.
– Angelika Tramitz, Ulrich Bernd, , historiens et journalistes allemands ,
– L’éditeur berlinois «  Knesebeck & Schuler. »
– Marc Schublin et Claudine Richert, les traducteurs en français.
– Bernard Reumaux des « Éditions de la Nuée Bleue ».
– Ulrich Richert, et sa famille.
– David Sutherland traducteur anglais.

– Les cahiers 

 Après cinq ans et demi d’absence, les yeux encore imprégnés de toutes les horreurs vécues, Dominique a voulu se libérer de son obsession, extirper ses souvenirs dans un écrit.
Il a rempli neuf cahiers sans corrections, sans mots barrés ni hésitations ou reprises. Dominique savait par coeur ce qu’il voulait écrire. Malheureusement la guerre ne l’a jamais quittée.
Beaucoup de gens méconnaissent encore l’existence de l’œuvre autobiographique de Dominique Richert, « Nickel » pour ses proches, cultivateur à Saint-Ulrich embarqué à 20 ans dans la première boucherie mondiale. À son retour dans le Sundgau, en janvier 1919, il a ressenti le besoin de raconter ce qu’il avait vécu à hauteur de ce qu’il était et de ce qu’il est resté, un simple soldat qui ne demandait qu’une chose, « que la guerre cessât et qu’il pût rentrer chez lui », ainsi que l’écrit Angelika Tramitz, une journaliste allemande, à l’origine avec Berndt Ulrich, un historien allemand, de la première publication de ces mémoires en 1989 par la maison d’édition Knesebeck et Schuler de Munich ( Beste Gelengenheit zum Sterben ).


Photos, vidéos, film, presses, conférences sont à consulter  sur le site internet  https://www.1418-survivre.net qui donne  la possibilité de feuilleter le manuscrit original complet : https://www.1418-survivre.net/manuscrit/

Une notoriété internationale

Cette œuvre qui décrit avec précision les horreurs de la guerre, en n’oubliant jamais que dans les deux camps, il y a des êtres humains qui n’ont pas demandé à être là, où il n’est question ni d’héroïsme, ni de gloire, mais de peur, de faim, de massacres absurdes, de tentatives de désertion et aussi de sens des responsabilités, est aujourd’hui de notoriété internationale. Elle a été traduite et éditée pour la première fois en français en 1991 aux éditions de la Nuée bleue ( Cahiers d’un survivant, un soldat dans l’Europe en guerre 1914-1918 ), traduite en anglais en 2012, rééditée par la Nuée bleue en 2016 et encore traduite depuis, en russe et en mandarin.

Une reconnaissance posthume

Dominique Richert, considéré comme l’un des grands auteurs de la littérature de la Première Guerre mondiale, aux côtés d’œuvres comme Le Feu , d’Henri Barbusse, Les Croix de bois de Roland Dorgelès, A l’ouest, rien de nouveau , d’Erich-Maria Remarque, L’adieu aux armes , d’Ernest Hemingway ou encore Ceux de 14 , de Maurice Genevoix, est décédé en 1977 à l’âge de 84 ans et n’aura jamais rien su de la destinée de ses écrits.