Début mai, un mémorial consacré à la Première Guerre mondiale ouvrira ses portes au public, à Dannemarie (Haut-Rhin). Il se composera d'un musée ainsi que d'une tranchée pédagogique. Les milliers d'objets exposés proviennent de la collection personnelle d'un passionné de la guerre, Jacky Sontag.
Par Muriel Kaiser
Tous les samedis, la quinzaine de bénévoles de l'association "Les tranchées oubliées" se réunit dans une ancienne usine, à Dannemarie. Jacky Sontag, le président, y décharge chaque week-end deux voitures pleines d'objets. Tous datent de la Première Guerre mondiale. Et sont d'abord déposés dans la pièce qui constitue le stock. Ici, des milliers d'objets sont entreposés et nettoyés avant de figurer dans l'exposition.
Deux bénévoles s'occupent du nettoyage. Ce jour-là, Camille Secula s'active, chiffon et produit à la main. "Je cire les chaussures et les bottes pour que le cuir ramollisse et qu'on puisse les enfiler aux mannequins plus facilement. C'est aussi important pour le public, de présenter des choses qui sont propres", indique-t-il. D'autres personnes s'occupent de l'inventaire, du montage des mannequins… chacun occupe le poste qu'il souhaite. "On a tous notre rôle ici", s'amuse l'un des bénévoles.
Des mannequins, Jacky Sontag est en train d'en monter une soixantaine au sein de ce que l'association appelle la "tranchée pédagogique". "D'un côté, il y a les Allemands et de l'autre, les Français", explique Jacky Sontag. "L'idée est que le visiteur se trouve immergé dans cette tranchée. Je veux montrer aux gens, surtout aux jeunes, comment c'était. Les enfants actuellement à l'école n'y connaissent pas grand-chose, mais ils ont une adresse pour en apprendre davantage. Généralement, quand ils viennent voir cette exposition, ils reviennent ensuite avec leurs parents et leur font la visite guidée !".
C'est en tout cas ce que Jacky a pu constater il y a quelques années, lorsque sa collection était exposée dans ces mêmes locaux. "En 2014, je suis allé toquer à la porte de la mairie pour demander si l'on pouvait faire une exposition dans le cadre du centenaire de la Première Guerre mondiale". En 2015 et 2016, ce sont 11.000 visiteurs qui s'y sont rendus, dont 4.000 enfants. Le maire de l'époque, Paul Mumbach, a alors voulu pérenniser l'exposition. "C'est l'occasion d'expliquer l'histoire particulière de l'Alsace. Certains enfants ont été supris d'apprendre que les Alsaciens combattaient dans le camp allemand. Eh oui, l'Alsace était allemande à ce moment-là…", explique-t-il.
Juste à côté de cette tranchée, dans le même bâtiment, se trouve un musée plus institutionnel sur la Première Guerre mondiale. Il est géré par la commune de Dannemarie et présente notamment la vie de certaines personnalités locales devenues historiques. "Nous allons bientôt recevoir le képi du Caporal Peugeot, le premier mort de la guerre", annonce Catherine Greter, première adjointe au maire de Dannemarie. Le musée comporte également le journal de guerre de Dominique Richert, un habitant de Saint-Ulrich, village voisin de Dannemarie. "La famille nous a mis ses écrits à disposition. C'est inestimable de pouvoir exposer un témoignage aussi précieux ! Il a inscrit chaque jour ce qu'il vivait pendant la guerre. Cela permet vraiment de comprendre à quel point c'était difficile", poursuit Catherine Greter.
La commune espère que le mémorial attirera de nombreux visiteurs et soit le moteur d'un tourisme plus général dans le Sundgau. "Hors période Covid, ce sont 25.000 entrées qui sont estimées par an", explique Alexandre Berbett, maire de Dannemarie. "Il s'agit là d'un véritable atout touristique". Un atout, mais aussi un hommage. "C'est toute une génération de vingtenaires qui a péri dans ces combats. Ce mémorial, c'est un clin d'oeil… on ne les oublie pas", conclut Jacky Sontag, ému.
Bientôt une exposition sur Dominique Richert Salle PMTC Rue de Bâle LES TRANCHES OUBLIEES à cinq minutes du village natal de DOMINIQUE RICHERT:St Ulrich