Sur l'autre
rive, il y avait neuf chars anglais, partiellement éventrés. C'étaient les
premiers tanks que je voyais depuis le début de la guerre. Sur la partie
arrière de l'un d'eux, je vis une plaque d'acier défoncée et, par une fissure,
pendait un ceinturon allemand et un bout de tissu feldgrau. A l'intérieur, il
y avait une main gauche arrachée et entièrement desséchée et, à son
annulaire, une alliance. Je ne pouvais imaginer qu'une chose, c'est que des
soldats allemands, lors de leur passage de la Somme, avaient cherché abri
derrière les chars et qu'ils avaient été tués par des obus allemands tirés à
trop courte distance …
Extrait page 215 des "cahiers d'un survivant" de Dominique Richert