Pourquoi les Éditions du Signe participeront au CES de Las Vegas

Hélène DAVID

4-5 minutes


Un éditeur (de livres !) au CES de Las Vegas. On pourrait presque considérer que la nouvelle relève de l’anomalie pour un rendez-vous mondial dédié à l’innovation technologique. Quoi de moins technologique qu’un livre, après tout ? C’est mal connaître l’aspiration des Éditions du Signe à prendre le train de la transition numérique.

Plus d’une trentaine de livres équipés

Depuis un an, l’éditeur alsacien teste avec la société strasbourgeoise Jolifish Europe un outil capable d’« augmenter » ses titres. Plus d’une trentaine de livres édités dernièrement, des bandes dessinées pour la plupart, bénéficient de la technologie wow.ink, développée par le spécialiste des solutions digitales fondé en 2014 par Michaël Bechler.

« Wow.ink (ou « encre wow ») c’est l’encre qui s’ajoute aux quatre couleurs utilisées dans l’imprimerie », résume ce dernier qui défend un « véritable usage de la technologie », au rebours de « gadgets » spectaculaires.

Pour Martial Debriffe, directeur des Éditions du Signe, « on a trouvé le chaînon manquant entre le tout numérique et le tout papier ». L’application, gratuite, permet en effet d’« augmenter » l’expérience traditionnelle de lecture. En passant son smartphone devant, par exemple, la case d’une BD, on accède à des contenus multimédias complémentaires : immersion vidéo dans un lieu, note de lecture de l’auteur… tout est possible. Laissant entrevoir une infinité d’usages.

Une technologie au service du papier

Si cette technologie de réalité augmentée n’est pas à proprement parler une nouveauté – nous l’utilisons quotidiennement via les QR codes –, wow.ink a cette caractéristique notable de pouvoir être facilement prise en main par ses usagers. « Il faut seulement quelques secondes pour définir l’image à reconnaître et indiquer le contenu vers lequel elle renvoie », insiste Olivier Bloch, directeur technique de Jolifish.

Avantage de taille : l’opération peut être réalisée a posteriori de l’impression d’un livre. Et ouvre la voie à une possible actualisation. Terminé, le livre obsolète ! « C’est une technologie qui est au service du papier », se réjouit Martial Debriffe, qui voit là le moyen de fidéliser les lecteurs, de pérenniser les métiers du livre et de révolutionner l’édition. « C’est un atout de vente formidable », constate-t-il déjà d’après ses échanges avec des libraires.

Bientôt une société à part entière

L’usage de wow.ink – qui devrait faire prochainement l’objet de la création d’une société à part entière – ne se limite pas au livre. En 2019, coup de communication de génie, l’équipe de Jolifish a promu une campagne de don en faveur de Notre-Dame de Paris, en permettant de visualiser le bâtiment en 3D sur son smartphone via… un billet de 20 euros. Des vignerons y ont également recours pour permettre à leurs clients d’accéder à des contenus et informations complémentaires depuis l’étiquette. D’autres acteurs suivront, à n’en pas douter.

Un coup de projecteur

Mais c’est avec un éditeur que Jolifish se rend à Las Vegas, du 5 au 8 janvier prochain. Pour les partenaires, c’est l’occasion de s’attaquer au marché américain. Jolifish, présent au Québec via une société miroir (et Michaël Bechler, qui y vit), s’est empressé de traduire ses sites et contenus. « C’est un coup de projecteur qui va nous donner de la visibilité et une opportunité de tester le marché américain… et français, puisque l’on sait bien qu’il faut parfois aller à l’étranger pour attirer l’attention en France », considère Michaël Bechler. Pour les Éditions du Signe, l’opération CES ne pourra que renforcer des postions déjà existantes et historiques aux États-Unis, où l’éditeur produit depuis une vingtaine d’années des créations originales. Quant à la perspective d’une généralisation du livre augmenté, « j’adorerais que tout le monde nous copie », assure Martial Debriffe.