https://books.google.fr/books?id=wJ2VQj_KIscC&pg=PA209&lpg=PA209&dq=Angelika+TRAMITZ&source=bl&ots=HgTmaWje1N&sig=z3DcUpiOiTayzzCzvQhL4FHYgkY&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwivnYb38t_OAhWkA8AKHYaVA2UQ6AEIRzAK#v=onepage&q=Angelika%20TRAMITZ&f=false


Extrait Compte rendu du colloque des 6 et 7 mars 2006 dans le cadre du programme 
de formation-recherche 
REPRESENTATION DES CONFLITS ET CONSTRUCTION DE LA PAIX
L'exposé de Hilda Inderwildi (germaniste, Université de Toulouse 2), s'intitulait 

"Naissance et constitution d'une conscience pacifiste chez Dominique Richert", à travers ses 

mémoires de la Première Guerre mondiale. 

L'exposé de Hilda Inderwildi (germaniste, Université de Toulouse 2), s'intitulait "Naissance et constitution d'une conscience pacifiste chez Dominique Richert", à travers ses 
mémoires de la Première Guerre mondiale. H. Interwildi est tout d'abord revenue sur l'histoire éditoriale des mémoires. Au lendemain de la guerre, l'Alsacien Richert rédige ses cahiers en allemand, dans une Alsace 
redevenue française. Ils sont découverts par son fils dans les années cinquante, mais ne seront publiés qu'en 1989 sous le titre Beste Gelegenheiten zum Sterben ; meine Erlebnisse im Kriege 14-18, et en français en 1994 sous un titre tout différent, Cahiers d'un survivant; Un soldat dans l'Europe en guerre 1914-1918. Ces carnets ont intéressé Heinrich Böll et ont été déposés aux Archives militaires allemandes. H. Inderwildi a poursuivi en mettant en avant des critères d'analyse littéraire. Elle a souligné par exemple l'utilisation fréquente du terme wieder, marquant la réalité inexorable de la guerre. Les représentations que fait Richert de la guerre ne sont ni sacralisantes, ni héroïsantes, ni banalisantes. Il décrit la réalité brutale du combat à partir de laquelle va se développer son pacifisme et qui l'amènera à déserter l'armée allemande. Trois traits caractéristiques de Richert sont mis en avant, à savoir son absence de conscience nationale, son antimilitarisme et son humanisme pragmatique. Ces trois aspects seront illustrés lors de la description de son itinéraire. H. Inderwildi est ensuite revenue sur des aspects biographiques. Richert appartient à une famille de paysans fixée à Saint-Ulrich dans le Sundgau. Il est né en 1893 et ne connaît pas la langue française. Mais il a avant tout le sentiment de s'inscrire dans un terroir-tampon entre les deux pays. Au moment de la déclaration de la guerre, Richert reste étranger à la liesse patriotique et y oppose la perspective des adieux à sa famille et celle de la mort. Le paysan alsacien ne veut pas mourir pour une abstraction. Comme l'a exprimé H. Inderwildi, Richert préfère l'épaisseur des réalités et du quotidien.        Le périple européen de Richert a alors été mis en avant. Après avoir commencé la guerre sur le front occidental, il sera envoyé en juillet 1915 sur le front oriental. S'y dessine très tôt une forme d'antimilitarisme. Il s'insurge contre l'image de propagande répandue par les journalistes et les planqués de l'arrière. Il dénonce le cynisme et la lâcheté des officiers, l'effroyable discipline et le caractère extrêmement coercitif des règlements. Le soldat est obligé d'obéir pour sauver sa vie. Richert devient cependant dès 1915 un soldat expérimenté et sera décoré. Son sens du devoir répond à son pragmatisme et non à une adhésion aux idéologies de la guerre et du patriotisme. Il s'agit de loyauté envers les camarades. Richert développe une stratégie d'évitement.          H. Inderwildi a décelé un durcissement de son ton. L'humanité de Richert se résume à cette question : comment sauver sa vie sans donner soi-même la mort? En 1918, il déserte pour sauver sa peau. Ce n'est pas un choix patriotique. Il est heureux que la France ait gagné la guerre car, si l'Allemagne avait gagné, il n'aurait pu retrouver sa famille et son village.        En résumé, H. Inderwildi caractérise l'attitude de Richert ainsi : il fait preuve dès le début d'une attitude réservée face à la guerre et cette attitude se renforce lors de son 
expérience: il est contre le militarisme, la guerre stupide et ses atrocités, il déteste le mensonge concernant le mythe de guerre, il fait preuve d'obéissance pour ne pas mettre en danger ses camarades, sa patrie n'est ni l'Allemagne ni la France, mais son terroir. Son pacifisme est défini par un humanisme pragmatique. Son ambition pacifiste n'est pas d'ordre conceptuel.         Dans la discussion qui a suivi, Rémy Cazals a rappelé les similitudes avec l’ouvrage 
de Jean Norton Cru. Les intervenants ont rappelé la forme de cure que revêt l'écriture des survivants. 

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