Clément Heinis

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L’idée d’une plaque pour commémorer la mémoire des déportés avait germé, il y a quelque temps déjà, chez Pierre Mattler de Durlinsdorf, déporté en Allemagne avec sa famille à l’âge de 9 ans. Il souhaitait rendre hommage à toutes les familles qui avaient souffert lorsque l’un des leurs avait dû fuir en Suisse pour échapper à l’incorporation forcée allemande, décrétée en 1942 pour les jeunes Alsaciens et Mosellans par le Gauleiter Wagner.

Membre de l’association patriotique PRO (Patriotes résistant à l’occupation) présidée par le regretté Pierre Moser, Pierre Mattller, aujourd’hui âgé de 92 ans, était toujours présent, coiffé de son grand béret des chasseurs alpins, lors des cérémonies patriotiques du secteur jurassien.

Il a émis l’idée de l’édification d’une stèle à Durlinsdorf, auprès du Souvenir français. L’initiative a été soumise au maire Georges Scholl et au conseil municipal, qui a décidé d’apposer une plaque commémorative au mur de l’église, en dessous de celle dédiée aux combattants morts pour la France lors des guerres de 1914-18 et 1939-45.

Elle sera découverte ce 12 mai lors de la cérémonie commémorative de l’ensemble du secteur paroissial du Jura alsacien, qui rassemble chaque année à tour de rôle les communes du secteur pour commémorer le 8 mai et le 11 novembre.

Une lettre de Grenoble

Le devoir de mémoire anime Pierre Mattler. Plusieurs publications et articles de journaux locaux ont déjà paru sur les péripéties des familles Mattler et Enderlin, internées à Schirmeck puis Riedlingen et enfin Bad Rippoldsau, où elles seront libérées par l’armée française le 2 mai 1945.

Souvent sollicité ces derniers temps et acteur involontaire de ces faits historiques, Pierre Mattler vient de recevoir une lettre d’un étudiant en histoire de Grenoble qui souhaite recueillir son témoignage pour sa thèse et un recueil sur la Déportation pendant la Seconde Guerre mondiale : « J’essaie d’aller à la rencontre des derniers témoins de cette tragédie et retranscrire leurs témoignages, avec l’espoir de participer à mon modeste niveau à la transmission de cette mémoire auprès de ma génération », a-t-il écrit à Pierre Mattler.

À cet effet, il a déjà rencontré une déportée d’origine alsacienne, habitant à Toulon, également internée à Schelklingen, et l’étudiant grenoblois souhaite à présent rencontrer Pierre Mattler pour recueillir son témoignage oral. Pour que la mémoire perdure.

Commémoration de la Victoire du 8 Mai 1945 ce dimanche 12 mai à Durlinsdorf. Messe à 9 h 30. Dévoilement de la plaque commémorative des déportés à 10 h 30.