Richert eut la surprise, en débarquant à la gare de l’Est, de trouver, à la une de « L’intransigeant », le récit de son évasion, avec force détails sur les circonstances de sa fuite.
Sur les travées du Palais Bourbon, le Président Poincaré fut interpelé au sujet du Commandant Richert. Il l’a désavoué publiquement par trois fois, déclarant :
Qu’il n’avait jamais eu de mission officielle en Bavière.
On demanda à Richert de se taire et de s’abstenir de tout commentaire, moyennant quoi il recevrait une nouvelle promotion et une nouvelle affectation de son choix.
Côté allemand, le coup d’Etat a trouvé son épilogue au procès de Lmeipzig, où devant le « Volksgerichtshof » l’on discuta des faits et méfaits de Richert. Le scénario visait à blanchir les vrais responsables. Le Commandant Richert s’était engagé, envers eux, avant de quitter Münich, de se taire quoiqu’il advienne. Les inculpés et leurs défenseurs le chargèrent naturellement de tous les péchés.
Quelques jours avant l’ouverture du procès, Marchaus a été trouvé pendu dans sa cellule, avec son ceinturon.
Complêtement brûlé en Sarre et en Allemagne, Richert fut affecté au l52e Régiment d’Infanterie à Colmar.
Il peut, à son gré, rayonner en Alsace. Retrouver ses amis du Sundgau et gagner aisément Reppe, pays d’adoption de sa famille.
En juillet l925, il introduit une demande de mise à la retraite proportionnelle, pour ses 25 ans de service.
En réponse le ministre de la guerre lui a envoyé un télégramme s’enquérant s’il était volontaire pour servir au Maroc, pendant la durée de la guerre du Rif. Opération engagée contre Abd-El-Krim, ce qui l’a comblé d’aise, tant il avait hâte d’échapper à l’athmosphère lénifiante de la métropole et de retrouver un véritable esprit militaire.
Affecté d’abord à la Division marocaine, il la rejoint à Oudjda. Vers la mi juillet il est envoyé à Taza, fortement menacé par les partisans d’Abd-El-Krim
A son arrivée à Taza, il rend visite au Général Gambay, commandant la Région et à son Chef d’Etat Major, le Capitaine De Lattre de Tassigny.
C’est alors pour Richert la grande aventure marocaine. Il rejoint tout d’abord Sidi Abdallah, important nœud ferroviaire sur la ligne de Fez.
Prenant le commandement des éléments avancés de la Division Marocaine, il est envoyé en hâte défendre ce poste important, contre les Riffains Puis, ceux ci ayant suspenndu leur offensive vers le sud, Richert rejoint l’Etat Major de la D.M. à Fez, où le maréchal Pétain, qui dirrige d'en haut les opérations, organise six Divisions destinées à anéantir les bandes d’Abd-El-Krim.
Peu après il est envoyé à Taza, en qualité de Chef d’Etat Major de la première Division de marche du Maroc (La D.M.M.).
A peine installé, le Colonel Conrap l’engage pour la pacification de la puissante tribu des Branès. Il y commande une petite colonne qui essuie un violent combat sur son flanc gauche, au cours duquel , à ses côtés est blessé le Capitaine De Lattre de Tassigny.
Après la soumission des Barnès, il participe, avec la première D.M.M., à une opération de grand style, qui rejette les Rifains hors de notre zone.
En mai l926, c’est la grande offensive, qui s’achève par la capitulation d’Abd-El-Krim, dans laquelle le commandant Richert a joué un rôle définitif, en lançant, de sa propre initiative l’avant garde de la première D.M.M. sur Targuet, capitale du chef Riffain. En dépit de l’interdiction formelle de franchir, sans ordre, la frontière du Rif Espagnol.
Il reçoit, en récompense, son cinquième Galon de Lieutenant Colonel.
En juillet il est envoyé à Engil, pour préparer l’assaut du repère quasi inaccessible du Tichoukt, où sont réfugiés de nombreux rebelles du moyen Atlas.
En août c’est la soumission des tribus guerrières de la grande tache de Taza. Opératiuon à laquelle prend part la lère D.M.M., sous les ordres du Général Vernois. Avec Richert comme chef d’Etat Major.
Fin l926, Richert se voit confier ce cercle du Haut-Leban. Il devient alors administrateur et fait montre, dans ce domaine de qualités hors pair.
Il consacre quatre années à organiser et à administrer les tribus du nord. A dresser leurs Caïds ,à nos méthodes d’administration. A doter le territoire de voies de communication, de Centres Administratifs. A protéger la frontière du Nord contre les incursions de bandes Riffaines, venues du Maroc Espagnol.
En avril l93O, il est nommé Commandant du 2e. étranger à Meknès, qui participe chaque année aux opérations de pacification de l’Atlas.
C’est désormais, pour lui, la vie rêvée de nomade, dans les camps et sous la tente. Elle convient parfaitement à son tempérament d’aventurier.
De mai à Octobre l93O, il dirige une opération dans le Moyen Atlas, à l’Oued El-Abid et livre le combat de Maokaïn, où il disperse une forte Harka de montagnards.
Cet exploit lui vaut le galon de Colonel.
En l93l, le groupe mobile de Meknès attaque le Grand Atlas. Richert fait figure de Commandant de Colonne.
Képi Blanc
Avant l9l4, notamment à la première époque de Lyotay, dans le Sud Orannais, puis au Maroc, époque où le Général Richert a fait ses premières armes, la tenue de combat du Légionnairecomportait le Képi (bleu ou rouge, avec un couvre nuque blanc). Il devint kaki en l9l7 et se portait déployé ou roulé derrière la nuque, pour se protéger du soleil africain.
L’usage de porter ce protège nuque commençait à se perdre dans les garnisons. En tenue de service, ou en sortie, on ne le portait plus guère qu’enroulé.
Le 3O avril l93l, à Sidi-Bel-Abès, à l’occasion der la traditionnelle célébration de Camerone, où se sont déroulées, en même temps, les fêtes du centenaire de la Légion et de la conquête de l’Algérie. Au cours du brillant défilé, qui marqua ces mémorables évènements, les premier et quatrième Régiments Etrangers étaient en Képi rouge.
Par contre, ce que l’on sait beaucoup moins, c’est qu’à cette même occasion, le képi blanc, « sans couvre nuque » a fait sa première apparition officielle, dans la tenue du Légionaire.
Le Général Richert avait été invité, avec son Régiment, le deuxième Etranger, alors en garnison à Meknès. Comme du reste tous les régiments de la Légion, à participer à cette double commémoration,. Ce d’autant plus que ses légionnaires s’étaient particulièrement distingués lors des durs combats de pacification du Haut-Atlas.
C’est alors que Richert a eu une idée, pour le défilé : Afin de mieux démarquer son Régiment des autres, il a demandé à tous ses hommes, de porter, par dessus le Képi, une housse blanche soigneusement immaculée.
Le deuxième étranger fut particulièrement remarqué et très applaudi. A la réception qui suivit, cela valut à notre Colonel les félicitations particulières du Général Franchet-Desperey.