11 novembre 1918 : la fin du cauchemar
Littérature – Interview Article dans la Ladêche
Dans son livre «la fin du cauchemar, 11 novembre 1918», Rémy Cazals présente une centaine de témoignages inédits de soldats et de civils ayant vécu la fin de la Grande Guerre. Issus de correspondances ou de carnets personnels, ces textes dévoilent la réaction des Français à l'annonce de l'armistice, entre incrédulité, soulagement, joie et volonté de fraternisation.
Rémy Cazals, vous venez de publier aux éditions Privat le livre La fin du cauchemar 11 novembre 1918 qui donne à lire le récit de plus de cent témoins de cette journée historique. Depuis combien de temps récoltez-vous ces témoignages ?
J'ai édité Les Carnets de guerre de Louis Barthas en 1978, un livre qui est devenu un classique. Depuis, j'ai rassemblé quelques centaines de carnets personnels et de correspondances. Il m'a suffi de retenir ceux qui ont écrit sur le 11 novembre 1918. Parmi mes témoins, figurent quelques Tarnais, d'Albi, Castres et du bassin de Mazamet.
PUBLICITÉ
inRead invented by Teads
Le mot qui revient le plus souvent est «cauchemar». Résume-t-il l'atrocité de cette guerre ?
D'autres mots apparaissent fréquemment dans les témoignages : carnage, boucherie, hécatombe… L'expression «la fin du cauchemar», que j'ai reprise dans le titre du livre, signifie qu'il y a eu comme une parenthèse horrible dans la vraie vie du temps de paix. Et l'on aspire à retrouver cette paix, sa famille, son métier, à oublier le cauchemar. Ce sera parfois impossible : cette génération restera traumatisée. Les vrais combattants continueront à faire, la nuit, des cauchemars au sens habituel du terme.
Un de ces témoignages vous a-t-il particulièrement marqué ?
Ils sont tous très intéressants par leur caractère authentique, par le concret des situations variées des combattants, des prisonniers, des civils et des civiles, par la complexité des sentiments exprimés car la joie de la fin des combats est tempérée par le souvenir des morts. Si vous voulez, on peut retenir une lettre de l'Albigeois Émile Banquet à sa femme, le 11 novembre précisément. Elle illustre très bien la pensée de tous : «Enfin ça y est, c'est FINI, on ne se bat plus. Terminées nos souffrances, d'ici peu nous serons réunis et cette fois pour ne plus se quitter. Maintenant, il faut penser au retour, reprendre sa vie d'autrefois et travailler.»
Vous dites qu'après le 11 novembre, la guerre n'est pas finie pour certains soldats ?
En effet. Tandis que le gouvernement annonce qu'à partir du 11 novembre, le canon ne menacera plus aucun Français, il en envoie combattre les bolcheviks en Russie, à Arkhangelsk, Odessa et même en Sibérie. C'est un aspect peu connu de l'histoire mais sur lequel on peut fournir les témoignages de ceux qui y étaient et qui, comme tous, ne pensaient qu'à revenir chez eux.
Le livre est disponible à la vente à la librairie Calligram